Fabrice Moreau
Ignorant As The Dawn
Ignorant As The Dawn de Fabrice Moreau
Avec Ignorant As The Dawn, Fabrice Moreau signe un retour marquant et profondément personnel. Après l’accueil enthousiaste réservé à Double Portrait en 2019, le batteur et compositeur français, figure essentielle de la scène jazz européenne, s’aventure dans un territoire où l’épure et la densité émotionnelle se conjuguent. Virtuose reconnu pour sa maîtrise des nuances et son art du silence, Moreau dévoile ici une écriture plus lyrique, portée par une volonté d’abandonner toute certitude pour se laisser guider par l’intuition. Inspiré d’un poème de W. B. Yeats, le titre de l’album exprime cette quête : redevenir « ignorant comme l’aube », afin de renouer avec la fraîcheur du regard et la disponibilité au monde.
Le quartet réuni autour de lui constitue un laboratoire d’équilibre fragile et fécond. Ricardo Izquierdo au saxophone ténor, Nelson Veras à la guitare et Jozef Dumoulin au piano et synthé basse accompagnent Moreau dans cette exploration de l’espace sonore. La formation, orpheline du contrebassiste Mátyás Szandai disparu en 2023, choisit délibérément de ne pas combler l’absence. Ce refus de remplacer l’ami et partenaire confère au projet une profondeur singulière : le vide devient une force structurante, une respiration qui ouvre de nouvelles perspectives au discours collectif. C’est de cette absence assumée que naît l’énergie dramatique de l’album.
Musicalement, Ignorant As The Dawn se déploie dans une tension constante entre retenue et élan. La batterie de Moreau, toute en ellipse et en suggestion, ne cherche jamais à imposer un rythme contraignant : elle sculpte plutôt l’espace, comme une danse invisible qui relie les musiciens entre eux. Izquierdo, avec son saxophone au grain profond et lyrique, incarne la voix principale, oscillant entre fragilité et intensité. Veras, fidèle à son style aérien et limpide, apporte une clarté lumineuse aux entrelacs harmoniques, tandis que Dumoulin, tantôt au piano tantôt aux nappes synthétiques, brouille les repères et insuffle une dimension quasi onirique. Ensemble, ils inventent une musique mouvante, à la fois fragile et puissamment expressive.
Au-delà de l’écriture, c’est l’esprit du projet qui impressionne. Moreau ne cherche pas à démontrer ni à séduire par la virtuosité ; il propose un espace de partage où l’écoute prime sur l’exécution. La musique devient un lieu de résonance intérieure, une expérience qui privilégie le sensible à l’intellectuel. Dans un monde saturé de savoirs et de certitudes, l’artiste rappelle que l’ignorance – comprise comme disponibilité et ouverture – peut être une condition créatrice. Loin d’une posture, ce choix esthétique s’incarne dans chaque silence, chaque note suspendue, chaque respiration laissée en suspens.
Avec cet album, Fabrice Moreau confirme sa place parmi les compositeurs les plus singuliers du jazz contemporain. Ignorant As The Dawn n’est pas seulement un disque, c’est une proposition poétique et philosophique sur la manière d’habiter la musique aujourd’hui. Une œuvre rare, à la fois dépouillée et généreuse, qui nous invite à réapprendre à écouter – comme si c’était la première fois, à l’aube.
Avec Ignorant As The Dawn, Fabrice Moreau signe un retour marquant et profondément personnel. Après l’accueil enthousiaste réservé à Double Portrait en 2019, le batteur et compositeur français, figure essentielle de la scène jazz européenne, s’aventure dans un territoire où l’épure et la densité émotionnelle se conjuguent. Virtuose reconnu pour sa maîtrise des nuances et son art du silence, Moreau dévoile ici une écriture plus lyrique, portée par une volonté d’abandonner toute certitude pour se laisser guider par l’intuition. Inspiré d’un poème de W. B. Yeats, le titre de l’album exprime cette quête : redevenir « ignorant comme l’aube », afin de renouer avec la fraîcheur du regard et la disponibilité au monde.
Le quartet réuni autour de lui constitue un laboratoire d’équilibre fragile et fécond. Ricardo Izquierdo au saxophone ténor, Nelson Veras à la guitare et Jozef Dumoulin au piano et synthé basse accompagnent Moreau dans cette exploration de l’espace sonore. La formation, orpheline du contrebassiste Mátyás Szandai disparu en 2023, choisit délibérément de ne pas combler l’absence. Ce refus de remplacer l’ami et partenaire confère au projet une profondeur singulière : le vide devient une force structurante, une respiration qui ouvre de nouvelles perspectives au discours collectif. C’est de cette absence assumée que naît l’énergie dramatique de l’album.
Musicalement, Ignorant As The Dawn se déploie dans une tension constante entre retenue et élan. La batterie de Moreau, toute en ellipse et en suggestion, ne cherche jamais à imposer un rythme contraignant : elle sculpte plutôt l’espace, comme une danse invisible qui relie les musiciens entre eux. Izquierdo, avec son saxophone au grain profond et lyrique, incarne la voix principale, oscillant entre fragilité et intensité. Veras, fidèle à son style aérien et limpide, apporte une clarté lumineuse aux entrelacs harmoniques, tandis que Dumoulin, tantôt au piano tantôt aux nappes synthétiques, brouille les repères et insuffle une dimension quasi onirique. Ensemble, ils inventent une musique mouvante, à la fois fragile et puissamment expressive.
Au-delà de l’écriture, c’est l’esprit du projet qui impressionne. Moreau ne cherche pas à démontrer ni à séduire par la virtuosité ; il propose un espace de partage où l’écoute prime sur l’exécution. La musique devient un lieu de résonance intérieure, une expérience qui privilégie le sensible à l’intellectuel. Dans un monde saturé de savoirs et de certitudes, l’artiste rappelle que l’ignorance – comprise comme disponibilité et ouverture – peut être une condition créatrice. Loin d’une posture, ce choix esthétique s’incarne dans chaque silence, chaque note suspendue, chaque respiration laissée en suspens.
Avec cet album, Fabrice Moreau confirme sa place parmi les compositeurs les plus singuliers du jazz contemporain. Ignorant As The Dawn n’est pas seulement un disque, c’est une proposition poétique et philosophique sur la manière d’habiter la musique aujourd’hui. Une œuvre rare, à la fois dépouillée et généreuse, qui nous invite à réapprendre à écouter – comme si c’était la première fois, à l’aube.
