
Sortie le 25 avril 2025 (CD / digital)
Une musique qui vient du plus profond de l’être
Al Alba – « à l’aube » en espagnol – réunit pour la première fois en musique deux frères unis par un lien à la fois intime et indéfectible : Matthieu et Camille Saglio. Violoncelliste formé au classique à Rennes, installé depuis à Valence en Espagne, Matthieu explore depuis longtemps les cultures sonores du monde, les mêlant aux influences du jazz et des musiques traditionnelles. Camille, de son côté, a découvert la musique dès l’adolescence, inspiré par la passion de son aîné pour le violoncelle. Son instrument de prédilection sera sa propre voix, avec laquelle il a développé un style singulier et profondément personnel.
Cet album commun revêt une dimension spirituelle. Il interroge les transitions, les frontières, les états de passage – dans la musique comme dans la vie. On y perçoit des réminiscences celtiques et bretonnes, empreintes d’une douce mélancolie en mode mineur, mais aussi les couleurs du flamenco, ses rythmes tendus et ses élans méditerranéens. Le violoncelle de Matthieu, nourri d’une rigueur classique et d’un éclectisme assumé, ouvre des espaces d’une grande finesse. On retrouve là la richesse de ses expériences : du flamenco métissé de Jerez-Texas au trio NES aux côtés de Nesrine, en passant par ses albums personnels sur le label ACT (El camino de los vientos en 2020, Voices en 2023).
Camille, lui aussi, est un voyageur entre les cultures. Avec le groupe Sôdi, il a exploré dès 2003 les musiques du monde et les connexions avec l’Afrique de l’Ouest et l’Orient. Son parcours l’a mené vers le n’goni, l’oud, la guitare, mais surtout vers la voix, qu’il a façonnée en un instrument à part entière. Il improvise dans une langue imaginaire, joue avec le timbre et la tessiture, capable de s’élever en contre-ténor aérien ou de surprendre par des chants en bambara, en arabe, en français, en anglais ou en espagnol. Sa voix est à la fois instrument et récit, portée par une inventivité unique.
Dans Al Alba, les deux frères convergent après des années de chemins parallèles. Matthieu tisse des lignes de violoncelle qui deviennent parfois chant, tandis que Camille incarne l’émotion avec une intensité saisissante. Leur dialogue est d’une intimité rare, nourri par leur fraternité et leur parcours artistique singulier. L’album mêle compositions originales et réinterprétations : un poème arabe (Tariq), le classique engagé Strange Fruit, Le vent nous portera de Noir Désir, des chants espagnols et des lignes improvisées. Un troisième frère, Gabriel Saglio, se joint à eux à la clarinette basse sur un morceau, renforçant cette dimension familiale et organique.
Enregistré sur une île de la Loire, Al Alba porte aussi l’inspiration du fleuve : son flux continu, ses variations, sa fragilité mouvante. La musique s’y fait métaphore de la vie, traversée par les courants multiples de leurs expériences et de leurs émotions. Elle est à la fois douce et puissante, enracinée et universelle, ouverte au monde tout en venant du plus intime.
Al Alba est bien plus qu’un simple disque : c’est un voyage intérieur et fraternel, où la voix et le violoncelle se répondent comme deux consciences complices. Une musique « en état de flux », profondément personnelle et pourtant immédiatement partagée, qui touche au plus essentiel.